Oeil de Paon

Voici l'InfOlive N°4 de l'AFIDOL à consulter sans modération :

Oeil de Paon Mars 2015

Rappel : l'Olivier est un arbre qui renouvelle ses feuilles tous les 2-3 ans mais un (des) rameau(x) presque "déplumé(s)" doit vous alerter sur la présence de cette maladie.

Pas de feuilles = pas de photosynthèse = peu de production, pouvant aller jusqu'à 20% voir plus en perte de production par arbre.

 


 

Lutte biologique - L'Inule visqueuse et la Mouche de l'Olive

L'Inule visqueuse est vraiment la plante auxiliaire la plus importante pour l'oléiculteur. Elle est parasitée en septembre-octobre, au moment où elle fleurit, par une Mouche cousine de celle de l'Olive : Myopites stylata. Cette mouche pond en septembre dans le capitule de l'Inule qui se transorme en galle. Les larves de Myopites attiren un hyperprasite (parasitoïde) qui va pondre dans la galle (Epelmus urozonus). Eupelmus va se développer à côté d'une larve de Myopites, la dévore et se transforme en une pupe qui va hiverner dans la galle  en compagnie des autres larves rescapées. Là, une fois les galles desséchée sur la tige (ou tombées au so)l, Eupelmus va hiverner. Au printemps, il va sortir de la galle et s'attaquera à la Mouche de l'Olive (Bactrocera oleae). Il va pondre dans l'olive parasitée par Bactrocera et sa larve va dévorer celle de Bactrocera. Eupelmus va ré-éditer son cycle de parasite en suivant les pontes de la Mouche et réduire de manière significative l'infestation de la mouche. Arrive septembre, les Inules fleurissent, Myopites va aller parasiter l'Inule. Et le cycle recommence.
Deux pieds d'inule transplantés à Claret.

Là où l'Inule visqueuse a disparu, il faut en replanter de toute urgence. La protection du tandem Inule-Eupelmus met deux ans à se reconstituer, en l'absence de tout traitement aux pesticides durs à proscrire (diméthoate-technoate, ...). Aprés la première floraison de l'inule dans votre verger, il faut aller dans un champ d'inules proche d'une oliveraie en garrigue et non-traitée depuis longtemps, y récolter des inflorescences "sauvages" contenant des galles et les placer dans vos touffes transplantées ou germées à partir de graines. Car, si vous avez emmené la plante, le parasite et l'hyper parasite n'ont pas suivi, eux ! Très vite, les Eupelmus (et les autres, car ils y a au moins quatre parsitoïdes connus maintenant) vont trouver leur chemin vers les olives infectées par la mouche de l'Olive.

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Une récente communication devant un congrès scientifique oléicole au Portugal, faite par Sol Xavier Franco-Mican, doctorant boursier, montre que les oléiculteurs espagnols ont pris la chose très au sérieux. En 2007, ce chercheur a dirigé, en Andalousie, une expérimentation importante par le nombre d'arbres concernés, la personnalité morale des exploitants oléicole (grandes sociétés productrices) et le sérieux du CSIC (l'équivalent espagnol du CNRS), Estacion Experimental del Zaidin, avec l'appui de la région andalousie (Junta de Jaen). Ils ont ensemencé en Inules et ont introduit le complexe parasitaire de l'Inule et de l'Olivier. Il a été reconnu que le parasite de l'Inule attire quatre types d'hyménoptères parasitoïdes tous prédateurs de la Mouche de l'Olive. La conclusion est que réintroduire l'Inule NE SERT A RIEN si on ne réintroduit pas aussi le complexe parasitaire qui a disparu avec l'arrachage et les traitements aux insecticides durs. La mouche de l'inule ne fait pas preuve de la même résistance aux traitements que la mouche de l'olive. Nous sommes allés au fins-fonds de la garrigue languedocienne et catalane pour en retrouver. Et nous avons retrouvé Myopites et reconnu une génération de galles de septembre 2008 en cours de constitution. Cette réintroduction a un prix : la patience et le savoir-faire d'oléiculteurs motivés qui verront déboucher bientôt le contrôle de la mouche de l'olive et la culture biologique. 

En attendant, l'enherbement des oliveraies favorise les carabes, les staphylins du sol ainsi que les araignées chasseuses. Ne pas oublier que les gallinacés sauvages (perdrix, faisans, ...) ou domestiques sont capables de gratter les 10 cm de terre sous vos arbres pour en déterrer les pupes de mouches. Posez des pièges alimentaires pour complèter le dispositif.

La lutte biologique, d'après Nathalie MOUTIER de l'INRA de Montpellier, "est un tout coordonné, de méthodes diverses".

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Merci à M. Jean LECOMTE, photographe scientifique retraité du CNRS (à exercé à la Sation de recherches ARAGO de Banyuls) qui nous a communiqué ses photos.

Lutte biologique - L'Inule visqueuse : nos sources scientifiques

L'Inule visqueuse : une mauvaise herbe qui a été systèmatiquement arrachée et a disparu de nos oliveraies au sol nu, monoculturales, sous l'action des herbicides, des charrues et des pioches. 

Il y a huit ans de celà, en retrouvant Lucien Passama (un de mes aînés, professeur de l'Institut de Botanique de Montpellier) et évoquant avec lui ma passion de l'Olivier, je m'étais entendu dire "Il faut replanter des Inules visqueuses sous tes oliviers". Aucune explication sur la relation olivier-inule mais une conviction de botaniste-écologue.

C'est maintenant que l'explication arrive avec les travaux multidisciplinaires du Groupe de Recherches en Agriculture Biologique (GRAB) et plus particulièrement ceux de François Warlop sur le rôle de plante relais que joue l'inule en abritant un parasitoïde de la Mouche de l'Olive : l'Eupelmus urozonus Dalman. Ce petit hymenoptère s'attaque à la mouche qui parasite les fleurs de l'Inule visqueuse mais aussi à la mouche de l'olive et à celle de la cerise (accessoirement ?) ! L'inule fleurit de fin août à fin octobre, les grosses attaques de la mouche de l'olive interviennent courant septembre. Le relais est assuré pour l'été suivant pour les précieux parasitoïdes de la mouche de l'olive qui vont hiverner dans les galles de l'Inule..

Une observation précise a été faite en Grèce sur une parcelle en régénération par des jeunes issus de l'école d'agriculture,  lesquels ont pratiqué l'arrachage de cette "mauvaise herbe" : la sanction a été un bond spectaculaire des attaques de mouche qui étaient, jusque là minimes et une destruction de la récolte. 

Mais l'inule n'est pas la seule plante hôte connue. La liste suivante, extraite des travaux des chercheurs (François Warloop, GRAB) est éloquente :

  • le jujubier,
  • le câprier est parasité par la mouche de la câpre qui attire Psittalia concolor (paraistoïde de la mouche de l'olive),
  • l'acacia est parasité par une cécidomye attaquée par Eupelmus,
  • l'anagyre fétide (espèce protégée dans le sud de la France, toxique),
  • le chêne vert est parasité au niveau de ses feuilles par un cynips attaqué aussi par Eupelmus, ...

La liste est longue. Il faudrait  y ajouter aussi des Astéracées (Composées) parasitées elles aussi par des insectes qui attirent les parasites de la mouche de l'olive. Nous citerons en conclusion François Warlop "Ces différentes espèces herbacées, souvent négligées, voire considérées comme des adventices, se retrouvent dans les vergers. Leur reconnaissance est un préalable à leur sauvegarde et à leur réhabilitation pour aider l'oléiculteur". D'où la préconisation du maintien du sol des oliveraies en partie enherbé (même non-irrigué). Les bordures des oliveraies avec les murets de pierres sèches sont essentielles pour le maitient d'une biodiversité de "broussailles" et de plantes jusque là férocement combattues. Il faut rétablir l'équilibre écologique de nos oliveraies. Il s'agit d'un changement radical de pratiques culturales. Celà oblige l'oléiculteur à un effort de raisonnement pour mieux connaître la biologie du parasite qu'il combat (ici, la mouche) et pour prendre en compte le fait qu'en "agriculture biologique ou en lutte intégrée, il n'existe par de solution unique pour lutter contre la mouche de l'olive, notamment dans les conditions de parcellaires éclatés ".

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Inule visqueuse (Dittrichia viscosa) et sol enherbé, Oliveraie Richardot à Claret
Photo Raymond GIMILIO © 2008
Raymond GIMILIO
Docteur en Biologie Végétale

Pour consulter l'article original, cliquez sur le logo ci-dessous :

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Lutte biologique - Projet Psyttalia

L'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) 
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a confié à son Centre de Recherches de Sophia-Antipolis un projet de recherches en lutte biologique destiné à combattre la Mouche de l'Olive. C'est le Projet Psyttalia (cliquez sur le bandeau ci-dessous) :

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Vous saurez tout sur le projet pour lequel 60 parcelles ont été choisies entre les Pyrénées Orientales et le Var en passant par la Corse. L'objectif est de tester un parasitoïde de la Mouche de l'Olive : Psyttalia lounsbury. Notre Coopérative contribue à ce projet et une parcelle, entre autres, est située à Claret (Hérault), au nord du Pic-Saint-Loup. Cette parcelle comporte 24 arbres dont :

17 picholiniers,

1 verdale,

2 négrettes de Sommières,

1 manzanille,

1 grossane,

1 olivière,

1 cailletier.

Un pied d'Inule visqueuse provenant d'un pépinièriste a été planté au nord de la plantation, trop loin de l'arbre.

Le vendredi 18 juillet à 6h40 (au lever du soleil), un scientifique de l'INRA, M. Xavier Fauvergues, est venu placer deux tubes en carton dans l'olivier central de la parcelle et a ouvert les couvercles de chaque tube, laissant s'échapper de petits insectes : les microguèpes Psyttalia lounsbury (souche Afrique-du-Sud).

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Comme il y a eu de la mortalité pendant le transport, un 2e lâcher a eu lieu le 3 septembre. Nous avons rapidement transplanté deux pots d'Inule visqueuse au pied de l'arbre (notre production). 

 
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Les Inules (visibles derrière et entre les troncs de l'olivier) secrétent un miellat qui nourrit les hyménoptères. Nous pensons que l'hyménoptère Psyttalia lounsbury s'en nourrira, prendra des forces pour pondre dans les larves de Bactrocera oleae (Mouche de l'Olive).

Nous sommes d'accord avec ce que publie Infolea (n° 4, avril 2008) au sujet de l'efficacité supposée de la réintroduction de l'Inule mais avec dertaines nuances importantes (voir notre article sur ce sujet).

Un piégeage des mâles a été fait au mois de septembre.

Lutte biologique - Le complexe paraistaire associé à l'Inule

"Il est actuellement très rare de trouver des inflorescences d'inules parasitées, et encore plus rare d'observer un parasitisme de ces galles". C'est ainsi que la revue Infolea n° 4 d'avril 2008 fait le constat que des années d'arrachage, de traitements herbicides et insecticides durs ont conduit partiquement à la disparition du complexe parasitaire de l'Inule visqueuse.  

J'ai décidé de relever le défi en Ecologue, après avoir entamé un dialogue avec François Warloop chercheur au GRAB d'Avignon et Francisco Sol-Mican (CSIC-EEZ, Malaga). Le hasard fait bien les choses, l'amitié aussi. Il y a des Inules parasitées, nous garderons secret leur emplacement tant en Languedoc qu'en Roussillon, sachant qu'en Andalousie un jeune doctorant en a un important gisement. Dans des coins paumés de nos garrigues, il y a aussi des inules parasitées. Samedi 13 septembre 2008, sur un site perdu au milieu d'une épaisse garrigue de chènes verts et chènes kermés, à 500 m d'oliveraies bien récurées, j'ai personnellement trouvé quelques pieds parasités où j'ai observé des galles de la cuvée septembre 2008 en cours de grossissement. Une dissection sommaire de ces galles a montrè des logettes charnues où grignotaient tranquillement des larves blanchâtres de Myopites stylata, logées à la base des appendices en forme de cheminées, au sein du réceptacle transformé d'un capitule d'Inule. Un de mes amis a pu aussi, chez lui, photographier un couple de myopites en copulation, les a photographiés et relâchés dans ses Inules. Il avait, deux ans auparavant, photographié un Eupelmus urozonus adulte et une larve d'Eupelmus parasitant une larve de Bactrocera dans une olive. En écologues, nous avons mené une véritable enquête que nous allons poursuivre. Il y a encore deux sites dans l'Hérault qui pourraient nous réserver des surprises que nous espérons heureuses. On nous a aussi signalé des olivettes abandonnées ... ! Ouf, Myopites stylata, qui résiste moins bien que Bactrocera oleae aux insecticides, sera bientôt réintroduite dans nos vergers et nos transplants d'Inules et chouchoutée comme il se doit, avec son complexe parasitaire.  

Introduction des Inules et des galles  

En dernière heure, nous avons localisé des galles fraîches en cours de formation qui nous rassurent : nous pourrons réintroduire le complexe parasitaire de l'Inule quand les inules plantées dans les oliveraies auront grandi. Nous avons constaté le 20 septembre 2008 que nos Inules de Claret commençaient à fleurir. Myopites stylata ne sera pas, je l'espère, inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition ou disparues. En décembre 2008, des galles provenant des sites de garrigue ont été fixées sur les tiges desséchées.   L'étude menée en Espagne par Sol Xavier Franco-Mican (CSIC-EEZ) sur le complexe parasitaire de l'Inule a montré que ce ne sont pas moins de quatre familles d'hyménoptères qui parasitent Myopites et Bactrocere ensemble ou séparément. L'espoir subsiste !  

Suivi des pieds d'Inules à Claret  

Le 13 septembre 2009, nos Inules introduites étaient en fleur et se sont révélées parasitées par Myopites (3 plants sur 4). Il s'agit de la parcelle Richardot (mon oncle) dans laquelle ont été déposées des galles en décembre 2008. J'ai pu compter une trentaine de capsules contenant des larves de Myopites. Un lot d'olives supposées contenir des larves de Bactrocera parasitées a été déposé au pied des touffes d'Inules parasitées. Nous espérons que des Eupelmus s'en échapperont pour aller hiverner dans les Galles de nos Inules. On ne peut se prononcer sur la présence de parasitoïdes indigènes pour le moment, il faudra attendre l'éclosion des galles en avril-mai pour pièger les insectes hivernants dans les capsules et les faire déterminer. Pour le moment, la qualité phytosanitaire des olives est excellente.  

 

Raymond GIMILIO Docteur en Biologie végétale Ingénieur de recherches retraité du CNRS Oléiculteur, Secrétaire de la Coopérative Oléicole Intercommunale de Pignan

Conseil du mois

Après avoir récolté vos olives, pensez à bécher et à apporter à vos oliviers un bon amendement organique et le meilleur de tous : le fumier bien décomposé.  Travaillez  la couronne de l'arbre, sans vous approcher à plus de 1,20 m du tronc pour ne pas blesser vos racines et ouvrir la voie à la verticillose.  En retournant le sol, vous allez déterrer les pupes de mouches qui se sont enfoncées à 8 cm et les mettre à découvert : le froid les tuera.