Lutte biologique - Le complexe paraistaire associé à l'Inule
"Il est actuellement très rare de trouver des inflorescences d'inules parasitées, et encore plus rare d'observer un parasitisme de ces galles". C'est ainsi que la revue Infolea n° 4 d'avril 2008 fait le constat que des années d'arrachage, de traitements herbicides et insecticides durs ont conduit partiquement à la disparition du complexe parasitaire de l'Inule visqueuse.
J'ai décidé de relever le défi en Ecologue, après avoir entamé un dialogue avec François Warloop chercheur au GRAB d'Avignon et Francisco Sol-Mican (CSIC-EEZ, Malaga). Le hasard fait bien les choses, l'amitié aussi. Il y a des Inules parasitées, nous garderons secret leur emplacement tant en Languedoc qu'en Roussillon, sachant qu'en Andalousie un jeune doctorant en a un important gisement. Dans des coins paumés de nos garrigues, il y a aussi des inules parasitées. Samedi 13 septembre 2008, sur un site perdu au milieu d'une épaisse garrigue de chènes verts et chènes kermés, à 500 m d'oliveraies bien récurées, j'ai personnellement trouvé quelques pieds parasités où j'ai observé des galles de la cuvée septembre 2008 en cours de grossissement. Une dissection sommaire de ces galles a montrè des logettes charnues où grignotaient tranquillement des larves blanchâtres de Myopites stylata, logées à la base des appendices en forme de cheminées, au sein du réceptacle transformé d'un capitule d'Inule. Un de mes amis a pu aussi, chez lui, photographier un couple de myopites en copulation, les a photographiés et relâchés dans ses Inules. Il avait, deux ans auparavant, photographié un Eupelmus urozonus adulte et une larve d'Eupelmus parasitant une larve de Bactrocera dans une olive. En écologues, nous avons mené une véritable enquête que nous allons poursuivre. Il y a encore deux sites dans l'Hérault qui pourraient nous réserver des surprises que nous espérons heureuses. On nous a aussi signalé des olivettes abandonnées ... ! Ouf, Myopites stylata, qui résiste moins bien que Bactrocera oleae aux insecticides, sera bientôt réintroduite dans nos vergers et nos transplants d'Inules et chouchoutée comme il se doit, avec son complexe parasitaire.
Introduction des Inules et des galles
En dernière heure, nous avons localisé des galles fraîches en cours de formation qui nous rassurent : nous pourrons réintroduire le complexe parasitaire de l'Inule quand les inules plantées dans les oliveraies auront grandi. Nous avons constaté le 20 septembre 2008 que nos Inules de Claret commençaient à fleurir. Myopites stylata ne sera pas, je l'espère, inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition ou disparues. En décembre 2008, des galles provenant des sites de garrigue ont été fixées sur les tiges desséchées. L'étude menée en Espagne par Sol Xavier Franco-Mican (CSIC-EEZ) sur le complexe parasitaire de l'Inule a montré que ce ne sont pas moins de quatre familles d'hyménoptères qui parasitent Myopites et Bactrocere ensemble ou séparément. L'espoir subsiste !
Suivi des pieds d'Inules à Claret
Le 13 septembre 2009, nos Inules introduites étaient en fleur et se sont révélées parasitées par Myopites (3 plants sur 4). Il s'agit de la parcelle Richardot (mon oncle) dans laquelle ont été déposées des galles en décembre 2008. J'ai pu compter une trentaine de capsules contenant des larves de Myopites. Un lot d'olives supposées contenir des larves de Bactrocera parasitées a été déposé au pied des touffes d'Inules parasitées. Nous espérons que des Eupelmus s'en échapperont pour aller hiverner dans les Galles de nos Inules. On ne peut se prononcer sur la présence de parasitoïdes indigènes pour le moment, il faudra attendre l'éclosion des galles en avril-mai pour pièger les insectes hivernants dans les capsules et les faire déterminer. Pour le moment, la qualité phytosanitaire des olives est excellente.
Raymond GIMILIO Docteur en Biologie végétale Ingénieur de recherches retraité du CNRS Oléiculteur, Secrétaire de la Coopérative Oléicole Intercommunale de Pignan