Lutte biologique - L'Inule visqueuse et la Mouche de l'Olive

L'Inule visqueuse est vraiment la plante auxiliaire la plus importante pour l'oléiculteur. Elle est parasitée en septembre-octobre, au moment où elle fleurit, par une Mouche cousine de celle de l'Olive : Myopites stylata. Cette mouche pond en septembre dans le capitule de l'Inule qui se transorme en galle. Les larves de Myopites attiren un hyperprasite (parasitoïde) qui va pondre dans la galle (Epelmus urozonus). Eupelmus va se développer à côté d'une larve de Myopites, la dévore et se transforme en une pupe qui va hiverner dans la galle  en compagnie des autres larves rescapées. Là, une fois les galles desséchée sur la tige (ou tombées au so)l, Eupelmus va hiverner. Au printemps, il va sortir de la galle et s'attaquera à la Mouche de l'Olive (Bactrocera oleae). Il va pondre dans l'olive parasitée par Bactrocera et sa larve va dévorer celle de Bactrocera. Eupelmus va ré-éditer son cycle de parasite en suivant les pontes de la Mouche et réduire de manière significative l'infestation de la mouche. Arrive septembre, les Inules fleurissent, Myopites va aller parasiter l'Inule. Et le cycle recommence.
Deux pieds d'inule transplantés à Claret.

Là où l'Inule visqueuse a disparu, il faut en replanter de toute urgence. La protection du tandem Inule-Eupelmus met deux ans à se reconstituer, en l'absence de tout traitement aux pesticides durs à proscrire (diméthoate-technoate, ...). Aprés la première floraison de l'inule dans votre verger, il faut aller dans un champ d'inules proche d'une oliveraie en garrigue et non-traitée depuis longtemps, y récolter des inflorescences "sauvages" contenant des galles et les placer dans vos touffes transplantées ou germées à partir de graines. Car, si vous avez emmené la plante, le parasite et l'hyper parasite n'ont pas suivi, eux ! Très vite, les Eupelmus (et les autres, car ils y a au moins quatre parsitoïdes connus maintenant) vont trouver leur chemin vers les olives infectées par la mouche de l'Olive.

eupelmus_urozonus.jpg
Une récente communication devant un congrès scientifique oléicole au Portugal, faite par Sol Xavier Franco-Mican, doctorant boursier, montre que les oléiculteurs espagnols ont pris la chose très au sérieux. En 2007, ce chercheur a dirigé, en Andalousie, une expérimentation importante par le nombre d'arbres concernés, la personnalité morale des exploitants oléicole (grandes sociétés productrices) et le sérieux du CSIC (l'équivalent espagnol du CNRS), Estacion Experimental del Zaidin, avec l'appui de la région andalousie (Junta de Jaen). Ils ont ensemencé en Inules et ont introduit le complexe parasitaire de l'Inule et de l'Olivier. Il a été reconnu que le parasite de l'Inule attire quatre types d'hyménoptères parasitoïdes tous prédateurs de la Mouche de l'Olive. La conclusion est que réintroduire l'Inule NE SERT A RIEN si on ne réintroduit pas aussi le complexe parasitaire qui a disparu avec l'arrachage et les traitements aux insecticides durs. La mouche de l'inule ne fait pas preuve de la même résistance aux traitements que la mouche de l'olive. Nous sommes allés au fins-fonds de la garrigue languedocienne et catalane pour en retrouver. Et nous avons retrouvé Myopites et reconnu une génération de galles de septembre 2008 en cours de constitution. Cette réintroduction a un prix : la patience et le savoir-faire d'oléiculteurs motivés qui verront déboucher bientôt le contrôle de la mouche de l'olive et la culture biologique. 

En attendant, l'enherbement des oliveraies favorise les carabes, les staphylins du sol ainsi que les araignées chasseuses. Ne pas oublier que les gallinacés sauvages (perdrix, faisans, ...) ou domestiques sont capables de gratter les 10 cm de terre sous vos arbres pour en déterrer les pupes de mouches. Posez des pièges alimentaires pour complèter le dispositif.

La lutte biologique, d'après Nathalie MOUTIER de l'INRA de Montpellier, "est un tout coordonné, de méthodes diverses".

larve_eupelmus_sur_larve_bactrocera.jpg

Merci à M. Jean LECOMTE, photographe scientifique retraité du CNRS (à exercé à la Sation de recherches ARAGO de Banyuls) qui nous a communiqué ses photos.

Conseil du mois

Après avoir récolté vos olives, pensez à bécher et à apporter à vos oliviers un bon amendement organique et le meilleur de tous : le fumier bien décomposé.  Travaillez  la couronne de l'arbre, sans vous approcher à plus de 1,20 m du tronc pour ne pas blesser vos racines et ouvrir la voie à la verticillose.  En retournant le sol, vous allez déterrer les pupes de mouches qui se sont enfoncées à 8 cm et les mettre à découvert : le froid les tuera.