La Mouche de l'Olive
Pourquoi ?
Pourquoi la Mouche de l'Olive prolifère-t-elle ? A cette question posée à Lauret le 21 mai dernier, la première réponse qui venait à l'esprit était : "A cause du déséquilibre écologique de nos oliveraies". Je cite un contributeur anonyme du Grenelle-Environnement (12/10/2007) sur le thème de la Biodiversité. Le style de sa contribution traduit une connaissance scientifique approfondie de l'Ecologie. Sa dernière phrase est une réponse terrible : "la suppression sous les oliviers de l'Inule visqueuse amène la Mouche de l'Olive et l'absence d'olives" ! Ce message est resté sans réponse ! Et il donne la réponse à la question posée à Lauret. Où sont passées nos Inules visqueuses ? Mardi 3 juin, sur le site du Mas-Dieu où j'évaluais les mises-à-fruit, un de nos collègue à qui je posais la question de l'Inule me répondit qu'il y avait une solution : un pépinièriste spécialisé dans la flore sèche en avait encore en stock (voir article sur la Mouche de l'Olive, colonne de gauche). En recherchant sur Internet, j'ai abouti à un article de François WARLOP (GRAB) publié dans le numéro 75 de la revue Alter-Agri de juillet/août 2005 qui fait le point sur une nouvele approche contre les ravageurs de l'olivier : l'agroécologie. Nous renvoyons également à un autre article daté de septembre-octobre 2006, paru dans la revue "Cahier d'études et de recherches francophones / Agriculture, volume 15, n° 5 pp. 449-55". Nous savons bien dans cette coopérative que la Mouche de l'Olive sévit durement depuis plus de trois ans, endommageant les récoltes et nous amenant, la mort dans l'âme, à refuser des récoltes abimées à nos coopérateurs. Nous conseillons à nos oléiculteurs de replanter des Inules, des câpriers et autres "mauvaises herbes" le long des murets qui délimitent leurs parcelles. Nous savons maintenant où trouver des plants tout prêts. Nous en reparlerons dans nos prochaines conférences techniques. La lutte systématique par les produits phytosanitaires durs est coûteuse et accentue, chaque année, le déséquilibre écologique. Câpriers, iInules, Lentisques, Arbres de Judée, Chênes, asperges sauvages, panicauts, chardons, ... : tous ces végétaux abritent une faune spécifique qui attire des prédateurs généralistes (coccinelles, Exochomes, Chilocores, chenilles oophages, Scutellistes ou Moraniles, ...) mais aussi des prédateurs occasionnels ou plus spécifiques de notre Mouche de l'Olive. Songez-y.
La mouche attaque
Le moucheron appelé communément mouche de l'Olive est un ravageur redoutable. Ici, nous avons représenté une femelle. Depuis les 15 juin, il fallait être sur ses gardes. Les premières mouches ont été capturées à Claret (altitude 170 m) le 21 juin sur piège Dacustick à phosphate d'ammoniaque et glu (3 pièges, 3 plantations). Depuis, les pièges Olipe ® à phosphate d'ammoniaque enrichi en sucre ont fonctionné. A Claret, j'ai effectué un traitement préventif au SYNEIS Appât. Si vous vous êtes laissés surprendre (si vous notez des olives avec de petites taches noires, de 2 à cinq par olives), les vers ne vont pas tarder à éclore dans l'olive et commenceront à ronger la pulpe. Aucune hésitation : le Diméthoate ou le Technoate (produits à base de dimézyl) à la dose de 7,5 ml/10 litres d'eau (ou 75 ml/100 litres d'eau) sont un moyen curatif efficace mais à appliquer avec précautions (voir ci-dessous). Reportez vous au site de l'AFIDOL pour la liste des produits homologués pour l'Olivier. Notez bien que "Tout produit non-homologué est un produit interdit". Vous devrez, lors de la livraison de vos olives à la Coopérative, certifier sous votre responsabilité les traitements que vous aurez effectués. Traitez le matin, à la fraîche, avant que le vent ne se lève et utilisez les protections recommandées par la Mutualité Sociale Agricole (gants, chapeau, combinaison, bottes, lunettes et masque à cartouches de charbon actif). Ne perdez jamais de vue que les produits phytosanitaires sont dangereux pour la santé humaine, le bétail, le gibier et même pour les organismes aquatiques pour certains d'entre eux. Assurez vous de ne pas avoir d'apiculteurs et de ruches près de vos vergers.
Piège à mouches
- indicateur d'attaque et comptages,
- destruction de la population de mouches.
Piégeage massif
Les bouteilles sont percées à la chignole élecrique munie d'une mèche à bois (pointue) de 0,5 cm de diamètre (5 mm), de cinq trous sur la collerette inclinée.
La bouteille est remplie à moitié avec une solution liquide de Phosphate d'ammoniaque enrichi de trois gros morceaux de sucre ou de miel (bouteille de gauche). La bouteille de droite contient de l'Ecogène (couleur blanchâtre) .
Les bouteilles sont sont bouchées, bien entendu. A l'aide d'un lien de rayonne, elles sont suspendues à une branche de l'olivier du côté frais de l'arbre, vers le sud-ouest, vers la brise de mer.
Lorsque le soleil baisse, les mouches affamées et assoiffées (mâles ou femelles) se posent sur la collerette guidées par les effluves d'ammoniaque et de fermentation du sucre et penêtrent par les trous et se noient. Le diamètre de 0,5 mm est suffisant pour leur permettre d'entrer, empêche l'évaporation d'être trop forte et l'entrée d'insectes plus gros.
Le faible coût du piège et de l'appât font un rapport qualité-prix imbattable. Le manque d'efficacité constaté lors de la canicule de l'été 2006 serait dû à l'orientation des pièges sur l'arbre. Pensez à les déplacer sur la face nord en cas de canicule et à multiplier le nombre de vos bouteilles.
Le comptage des mouches se fait en vidant le piège dans une bassine. Rincer la bouteille et la remplir à nouveau d'une solution frâiche. Pour la destruction, se contenter de compléter le liquide évaporé.
L'un des énormes avantages du piègeage massif destructif est son faible coût et son inocuité pour l'environnement et la santé humaine. Le phosphate d'ammoniaque n'est pas dangereux pour l'environnement et doit permettre une homologation de l'agriculture biologique. L'emploi de produits non dangereux et de l'enherbement des vergers permet de ré-équilibrer la population des auxiliaires de l'oléiculteur.
Un inconvénient, facile à supporter : la surveillance des pièges et de la température de fin-juillet/août. Dés les première pluies de la fin août et de début septembre, il faut être vigilant. La fin de la canicule de l'été 2006 a été suivie d'une attaque de mouche de l'olive massive.
Succédané du phosphate d'ammoniaque
Trés souvent, les possesseurs d'un ou deux oliviers ne peuvent pas trouver du Phosphate d'ammoniaque en petifs conditionnements. Les jardineries proposent du sulfate d'ammonaique en sachets de 1 kg (ce produit ne convient pas !) et se refusent à détailler des sacs de 50 k.
Nous venons d'expérimenter avec succés un produit attractif pour guèpes, frelons et mouches (tous dispères) vendu habituellement en jardineries comme recherge de pièges à guèpes : l'Ecogène. Ce produit est vendu en granulés dans des flacons de 250 g. Le dosage est de 3 cuillerées à soupe de granulés à dissoudre dans de l'eau. Mis en pièges à guèpes classiques ou en gobe-mouches en verre, il attire et noie les guèpes, les frelons et les mouches.
Mis dans un piège OLIPE ® fabriqué dans une bouteille de PVC blanc percé à la couronne de 5 trous de 5mm de diamètre, ce piège attire et laisse entrer les mouches de l'olive, empèche une forte évaporation de l'attractif et empêche l'entrée de guèpes et frelons (auxiliaires utiles de l'oléiculteur bien que piquants) ainsi que des grosses mouches (inoffensives pour les olives).
Nous avons fait des essais sur le 2e vol de mouches, en suspendant un piège à phopshate d'ammoniaque-sucre (bouteille de gauche) et un piège à Ecogène (bouteille de droite). La proportion de Bactrocera piègées est comparable. On ne peut pas l'apprécier sur la photo.
Traitement curatif
Lorsque les olives sont attaquées, il apparaît deux à trois jours après, un petit point noir. Si on coupe avec une lame de couteau, on voit sur la tranche un trait oblique noir : l'oeuf en train de se développer. Il faut alors "guérir" et enrayer l'infestation. De même, si on découvre un ver dans l'olive, il faut traiter l'ensemble des olives avec un produit (larvicide curatif) qui va pénétrer les fruits et tuer les vers installés.
Trois matières actives sont préconisées :
- le Diméthoate (Rogor Plus, Rogor Pipc 400, Danadim Pro / Progress / Super, Dimate Bf 400) ,
- le Phosmet (Imidan 50 Wg) ,
- le Thiaclopride (Alanto, Calypso, Cousto, Zypso).
Bien respecter les fréquences de traitement et la DAR (Délai Avant Récolte qui est en jour), consulter les consignes d'utilisation du fabricant ou référez-vous au Guide de l'Oléiculteur, disponible à la coopérative de Pignan. N'oubliez pas de noter vos traitements sur le cahier de plantation de votre verger. Il vous sera demandé lors de la réception des olives à la Coopérative.